
Un vagabond, sur son chemin, rencontre un vieillard occupé à planter devant sa maison quelques rejetons d’olivier. Il lui dit, rieur :
- Hé, bonhomme, crois-tu vivre assez vieux pour voir ces pousses-là te faire un jour de l’ombre ?
- Je fais, lui répond l’autre, mon travail de toujours, comme si j’avais devant moi une éternité d’oliviers.
- Et moi, lui dit l’errant, je vis le jour présent comme s’il était le dernier.
Tous deux rient, se serrent la main, l’un se remet à son ouvrage et l’autre poursuit son chemin.
Qui de ces hommes est le plus sage ? La réponse est vieille. Voici :
Ils ont parlé vrai tous les deux. Que sait-on du temps qui nous reste ? Une heure, un mois, dix ou cent ans ? Agir comme si l’on avait des jours infinis devant soi et pourtant être prêt à partir sans bagage, à l’instant même, où Dieu voudra.
Tel est l’art de vivre tranquille selon Mi Yang, moine chinois.
(Henri Gougaud, L’Almanach)
Écrire commentaire